Le cas de la ruche 5

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Notre ruche R5 qui en 2018 avait réalisé une belle miellée d’acacia ne semble pas très bien réussir en 2019. Alors que lors des inspections elle semblait bien se développer, les résultats sont sans appel : 4,9 kg produits contre 15,8 l’an dernier. Le détail journalier est donné ci-dessous :

L’apiculteur hâtif attribuerait cette baisse de production à un défaut de miellée, ou à une reine en déclin. « Elle a bien marché l’an dernier et doit baisser de régime cette année » aurait-il (ou elle) pu dire.

Voyons néanmoins ce que disent les données.

Tout d’abord l’état du couvain

Notre ruche présente une excellente vitalité. Elle affiche une température du couvain à 35°C ultra-constante tout le mois d’avril. Sans l’ouvrir, nous pouvons assurer qu’elle dispose d’au moins 4 cadres de beau couvain. Il n’y a pas eu d’essaimage non plus sur la période.

  • Non, la reine n’est pas en déclin.

Ensuite, comparons avec les pairs

Nous avons la chance d’avoir deux autres ruches équipées de capteurs dans un rucher B à seulement 2.6 km à vol d’oiseau. Les R17 et R26 présentent également un couvain pleinement développé comme la R5. Nous pouvons comparer ces trois colonies entre elles. Nous constatons que, finalement, R17 et R26 font nettement mieux : +7,2kg et +10,5kg respectivement. Bien que les niveaux soient différents, les tendances journalières sont assez proches entre les trois ruches (voir ci-dessous) avec des journées rouges et des journées plutôt vertes (elles doivent toutes être abonnées à Bison futé).

  • Non, pas de défaut de miellée.

Jusqu’ici, nous pouvons écarter comme causes possibles une reine vieillissante ou un manque de ressources.

Quid de la météo ?

Normalement, la météorologie générale ne devrait pas être la cause non plus. Les deux ruchers sont très proches et à ce niveau, donc les conditions climatiques sont identiques. Sauf que… Regardons les températures maximales journalières dans chacun des ruchers :

Très clairement, le rucher A dans lequel se situe R5 est dans un environnement plus frais que le rucher B. La température maximale moyenne d’avril 2019 est de 18,2°C pour le premier et 21,2°C pour le second. Trois degrés d’écart qui semblent faire toute la différence.

Les 20,5°C atteints en 2018 sur le rucher A semblent corroborer l’hypothèse que le paramètre clé de notre analyse est l’exposition du rucher. Effectivement, il se trouve que le rucher A se situe dans un bois sous une couverture végétale d’acacias, alors que le rucher B est également en zone boisée mais au milieu d’une clairière.

Bilan des courses

Nous en concluons que finalement l’exposition du rucher est à l’origine des faibles niveaux de production de la ruche 5. Les abeilles étaient présentes, les ressources aussi, la météo également. Mais pas l’ensoleillement. Il a suffi d’une année un peu plus fraîche que la précédente, 2°C d’écart en température maximale mensuelle, pour limiter la production d’avril dans ce rucher.

Rucher A

Rucher B

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